La Turquie dans l'UE, une question de temps?

Publié le par Alex

Z  Un peu d’histoire

La candidature de la Turquie pour intégrer l’UE n’est pas récente. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, plusieurs accords ont été passés afin de développer les relations commerciales entre les deux entités. En effet, la Turquie est l’un des membres fondateurs de l’OCEE (Organisation pour la Coopération Économique Européenne), fondée en 1948, pour accélérer la reconstruction de l’Europe, et encourager les échanges commerciaux entre les États membres. En 1949, elle rejoint le Conseil de l’Europe. Le 12 septembre 1963, l’accord d’Ankara est signé. Celui-ci a pour but d’envisager les conditions d’une éventuelle entrée de la Turquie au sein de l’UE.

Le 14 avril 1987, la Turquie pose officiellement sa candidature pour son entrée dans l’UE.   Cependant, en 1989, la Commission Européenne refuse son entrée en raison de sa situation économique et politique, et de la question des Droits de l’Homme. Le 6 mars 1995, la Turquie et l’UE signent un accord pour la mise en place d’une union douanière. En décembre 1999, grâce aux progrès accomplis sur la question des Droit de l’Homme, l’UE la reconsidère comme un candidat sérieux à l’entrée dans l’Europe. 

Enfin, le 3 octobre 2005, les négociations commencent, en vue d’une possible entrée dans l’UE.

 

Z Pourquoi tant de problèmes?

De nombreux points ne plaident pas en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’UE. Tout d’abord, d‘un point de vue géographique, la Turquie est située en Asie Mineure, et non en Europe. D’autre part, 97% de la population turque est musulmane, alors que la plupart des pays européens sont chrétiens. De plus, il reste beaucoup de progrès à accomplir en ce qui concerne les Droits de l’Homme, et surtout les Droits des Femmes.

Ensuite, si la Turquie venait à intégrer l’UE, elle serait le pays le plus peuplé d’Europe, avec environ 80 millions d’habitants d’ici 2014. Elle aurait donc le plus grand nombre de députés européens au Parlement, et bénéficierait rapidement d’un pouvoir politique important.

D’autre part, si elle devient membre de l’UE, l’Europe aura une frontière commune avec l’Iran et l’Irak, deux États jugés dangereux. 

De plus, aucun débat démocratique n’a été organisé au sein des Etats européens, comme un référendum, pour prendre en compte l’opinion des citoyens.

Enfin, le plus gros problème reste la non reconnaissance du génocide arménien de 1915 et 1916. Tant que la Turquie refusera de reconnaître ce crime, son adhésion au sein de l’UE restera compromise.

 

Z Vers une accession ?

La Turquie a accompli beaucoup de progrès ces dernières années. Un nouveau code pénal a été voté, l’enseignement scolaire pour les Kurdes a été autorisé, la peine de mort a été abolie, les Droits de Propriété et de Propriété Intellectuelle ont été votés, des progrès ont été accomplis concernant la liberté de parole et les Droits des Femmes.

 

 Selon Adam Hug, du journal britannique « The Guardian » (article du 10 novembre 2008 : « Turquie, futur de l’Europe »), l’entrée de la Turquie dans l’UE serait profitable aussi bien pour elle-même que pour l’Europe. Actuellement, selon les chiffres avancés par « The Guardian », la Turquie est le 5ème plus gros exportateur de l’UE. En effet, 56% des exportations turques sont destinées à l’Europe des 27. Les entreprises européennes investissent chaque année trois milliards d’euros en Turquie.

Dès lors, la question n’est pas : « la Turquie va-t-elle intégrer l’UE ? », mais : « Quand la Turquie va-t-elle intégrer l’UE ? ». Selon Adam Hug, l’Europe devrait considérer la Turquie comme une opportunité pour la diversité, plutôt que comme une menace.

La Turquie, d’un point de vue économique, représente une belle opportunité. Avec une croissance économique annuelle moyenne de 6,8%, et 75 millions de consommateurs et de clients potentiels, elle pourrait devenir un marché important pour les biens européens, et accélérer l’activité économique de l’UE.

D’un point de vue démographique, 24,4% de la population turque est âgée de moins de 15 ans, et la main-d’œuvre est qualifiée et dynamique. La Turquie compenserait ainsi le vieillissement de la population européenne.

D’un point de vue stratégique, la Turquie pourrait être une solution pour apporter les ressources énergétiques en gaz et en pétrole de la mer Caspienne à l’Europe, en évitant l’utilisation des infrastructures russes ou iraniennes.

Enfin, d’un point de vue géopolitique, si l’Europe refusait définitivement l’entrée de la Turquie après tous les efforts accomplis, ce pays pourrait se tourner vers ses voisins comme l’Iran, et abandonner toute idée d’un futur européen et d’un État moderne, pour sombrer dans l’islamisme radical. A contrario, si l’Europe acceptait l’entrée de la Turquie, celle-ci pourrait devenir un modèle pour ses voisins, Iran et Irak en particulier, comme l’était l’Europe de l’ouest pour l’Europe de l’est durant la guerre froide.

 

Z  Conclusion:

L’entrée de la Turquie dans l’UE n’est qu’une question de temps, et constitue une réelle opportunité pour la diversité européenne, mais aussi pour l’économie  européenne, le marché du travail, et la situation géopolitique du Moyen-Orient. Refuser son adhésion risquerait de provoquer son repli sur elle-même, et reviendrait à un tirer un trait sur tous les progrès accomplis. La Turquie semble être aujourd’hui la prochaine étape de la construction européenne.

 

Alexandre R.

 

Publié dans UE

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